L’académicien fait à nouveau l’objet d’une rétrospective durant tout le mois d’août. Six films pour approfondir notre connaissance de l’œuvre du cinéaste, empreinte de soleil provençal et d’humanisme.
Un petit air de Provence s’installe à nouveau dans les salles obscures cet été. Après le succès de la rétrospective de l’année dernière, six autres films de Marcel Pagnol reviennent sur les grands écrans à partir du 30 juillet, à l’occasion du 130ème anniversaire de la naissance de l’auteur de La Gloire de Mon Père. Il s’agit ainsi de découvrir, ou redécouvrir, l’empreinte que Pagnol a laissé dans le cinéma hexagonal, et cet esprit, cet univers, qui le caractérisent si bien.
Histoires de village
La première rétrospective permettrait de revoir principalement ses plus grands succès, de Topaze à la Trilogie Marseillaise en passant par La Fille du Puisatier. Nous approfondissons ici son œuvre avec, notamment, son tout premier scénario, Merlusse. Une œuvre sortie en 1935, toute personnelle pour ce fils d’instituteur, puisqu’il place l’intrigue au sein d’une école. Nous y suivons les péripéties de jeunes enfants et de leur pion, « Merlusse », qui, outre les apparences, se révèle d’une profonde bienveillance. Un joli film aux douces ambiances de Noël.

© copyright Carlotta Films

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Nous retrouvons également Fernandel, compagnon incontournable de Pagnol, dans le tendre Naïs. Adaptation plutôt joyeuse de la nouvelle d’Emile Zola, le film raconte la vie d’un jeune bossu amoureux de l’une des plus jolies filles du village. Tantôt drôle, tantôt émouvant, le long-métrage évoque là aussi le thème des apparences, de la différence, porté avec éclat par un Fernandel attachant.
On se laissera aussi tenter par le plaisant Cigalon, avec ses querelles de voisinage entre un chef-cuistot grincheux et une jeune concurrente venue dynamiser le village. Puis l’on sera curieux de voir l’une des dernières contributions de Pagnol au cinéma, Les Lettres de Mon Moulin, adaptée des écrits d’Alphonse Daudet. Le film permet aussi de se familiariser avec les films à sketches, très présents dans le cinéma français jusque dans les années 1960.
Notre coup de cœur ira sans nul doute du côté du diptyque Manon des Sources / Ugolin, chef d’œuvre de Marcel Pagnol, qui a permis l’écriture de L’eau des Collines (Jean de Florette / Manon des Sources) dix années plus tard. Avec les yeux d’aujourd’hui, il s’agit là également de renouer avec les origines d’une histoire culte, que beaucoup d’entre nous ont découvert par le biais de la sublime adaptation de Claude Berri dans les années 1980, portée par Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil et Yves Montand.

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Fables morales
Si le temps écoulé depuis la sortie de ces films se ressent inévitablement, il reste malgré tout réjouissant de revoir, sur grand écran, cet héritage cinématographique qui a inspiré des noms tels que François Truffaut ou Alexander Payne. Ces films, pour la plupart, sont également le témoignage d’un cinéma tel qu’il se faisait avant la guerre, dans les premières années du parlant.
Plus simplement, cette rétrospective est l’occasion de visionner des pellicules en noir et blanc qui sentent bon la lavande, parlent avec l’accent du sud et débordent d’humanisme. L’œuvre de Marcel Pagnol a ce goût du pittoresque et de la Provence authentique. Une patte inimitable, imprégnée de cette tendre nostalgie de la vie de village, de tous ces personnages qui la constituent. En contant leurs histoires, en relatant leurs manières d’être, Pagnol signe de véritables petites fables morales où l’émouvant épouse souvent le comique.
Ces films, tous en version restaurée (2K ou 4K), sont essentiellement à redécouvrir dans les cinémas parisiens. Une sorte d’amuse-bouche avant la sortie d’un biopic animé dédié au cinéaste. Intitulé Monsieur et Madame Pagnol, il sera à découvrir dans les salles obscures au mois d’octobre.