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Non, l’émission Le Cercle ne s’arrête pas et tant mieux pour le cinéma 

Depuis mai 2025, plusieurs médias annonçaient la fin de l’émission du Cercle cinéma, diffusée sur Canal+. Finalement, le programme de critiques aura bel et bien le droit à une 21e saison.

Don’t stop me now… On lit ce refrain comme on le chanterait et depuis vendredi 20 juin, le morceau de Queen tourne en boucle dans les têtes de certains cinéphiles.

Ce jour-là, 23 h, le dernier épisode du Cercle cinéma s’ouvre avec ce tube. Pour les plus alertes, le message subliminal est bien passé. Non, malgré les rumeurs, l’émission ne veut pas s’arrêter.

Sur son compte X, quelques heures avant, Philippe Rouyer, critique de Positif et pilier du Cercle, annonce que ses camarades et lui seront de retour pour une 21e saison à la rentrée 2025. C’est ensuite au tour de Jean-Marc Juramie, directeur général adjoint de Canal+, de confirmer la bonne nouvelle. Une réponse en deux temps, qui rassure les cinéphiles concernant de potentiels adieux. Et un générique en guise de joli clin d’œil pour les fans, qui ont assisté au vingtième anniversaire de l’émission.

La critique solidaire

C’est Télérama qui tire le signal d’alarme en mai en annonçant une éventuelle suppression de l’émission. Des informations qui ont ensuite été relayées par des médias tout aussi influents dans le milieu. Les Inrocks suivent et Écran Large y accorde une longue analyse vidéo sur YouTube.

 Le Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC) s’inquiète aussitôt : « Au-delà de son apport éditorial, Le Cercle joue un rôle structurant dans l’écosystème cinématographique. Par ses recommandations, il soutient la fréquentation des salles et accompagne la vie des films en amont de leur diffusion télévisée ou numérique. »

Le syndicat ne manque pas de rappeler que Canal+, en tant que partenaire du cinéma, se doit de respecter son engagement en maintenant la diffusion du programme.

Le Cercle

Émission culte, révolutionnaire et nécessaire

Si l’annonce en a inquiété plus d’un, c’est parce que Le Cercle cinéma brille autant par sa qualité que par sa nécessité. Lancé en 2005, il incarne une véritable ouverture de la critique.

Auparavant, il n’y avait que Le Masque et la Plume, diffusé sur France Inter et tout aussi culte. Mais il y manquait un élément indissociable du septième art : le rapport à l’image. Au Cercle, on débat d’un film et même mieux : on l’analyse en direct. C’est l’énorme plus-value de l’émission, qui permet aux critiques d’amener des extraits pour les décrypter dans la forme et le fond. « Personne ne faisait cela avant », précise Philippe Rouyer sur le plateau.

Se faisant, la critique s’ouvre encore davantage aux spectateurs en leur apportant des arguments à l’écran, en alliant la théorie à la pratique. C’est concret et ça parle à l’expert comme au néophyte.

Des critiques au coeur du débat

Plus généralement, les émissions comme Le Cercle et Le Masque et la Plume sont nécessaires pour leur mise en scène du débat. Elles permettent l’échange, parfois animé, pour le plus grand plaisir du spectateur et des chroniqueurs.

Sur le plateau, Frédéric Mercier, de Transfuge, illustre l’idée en parlant d’une scène culte de Rivière sans retour, son film préféré, analysé dans l’émission dix ans plus tôt : « On en a discuté et aujourd’hui je la regarde plus pareil. Et c’est évidemment grâce au Cercle. » Le chroniqueur rappelle implicitement que le contrepoint de vue nourrit l’enrichissement.

N’importe quelle personne qui a lu, ou vu, une critique après un film a déjà ressenti ce gênant sentiment d’être une girouette. Mais c’est tant mieux, ça s’appelle la curiosité.

Pourquoi cet épisode reste inquiétant ?

Outre Le Cercle cinéma, d’autres médias culturels ne sont pas au mieux. Pour l’heure, on ne sait pas encore si Le Cercle séries sera reconduit.

Côté magazines, Première est en redressement judiciaire et cherche actuellement un repreneur. Ces mauvaises nouvelles en cascade témoignent d’un monde de la critique en mauvaise santé.

En parallèle, les formats courts sur les réseaux sociaux explosent. Plus rapides, ils sont dans le courant des modes de consommation d’aujourd’hui.

Pour s’adapter, Le Cercle s’y est aussi mis en fin d’émission avec des recommandations de quelques secondes et en adoptant les usages des réseaux. Et pourquoi pas ? C’est complémentaire. C’est aussi un moyen d’aller chercher d’autres publics.

La critique étriquée

Problème, la valeur critique sur un reel Instagram est moins évidente. À ces formats courts, on ajoute l’importance donnée aux studios pour la promotion. Toutes ces propositions occultent de plus en plus le débat critique et la diversité des points de vue.

Comme l’indique Écran Large dans sa vidéo, on pourrait se dire qu’après tout, on peut décider seul d’aller voir un film ou non. Pas la peine d’être influencé. Mais la critique, c’est aussi la mise en lumière de films moins conventionnels tout autant que ceux à gros budgets. La richesse du programme au cinéma et à la télévision passe par là. Contrairement à la publicité et aux formats courts, la critique maintient un niveau d’exigence et de diversité.

Le Cercle, avec ses débats atteignant parfois le quart d’heure par film, menés par des interlocuteurs de divers horizons, en est le parfait exemple. Marie Sauvion résume parfaitement l’idée dans l’émission vendredi 21 juin :”Le jour où on arrêtera de s’engueuler sur les trottoirs à la fin du film, c’est que le cinéma aura moins d’importance dans notre vie.”

C’est en regardant Le Cercle que l’on s’intéresse aux journalistes critiques et, par extension, aux médias qu’ils représentent. C’est en regardant Le Cercle que j’ai vu des films que je ne serais jamais allé voir auparavant. Chaque semaine, Lily Bloom et son équipe font la promesse que : « Tant qu’il y aura du cinéma, on sera là ». Autant rappeler que tant qu’ils seront là, il y aura du cinéma. 

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