La sortie mercredi 11 juin du polar de Thomas Ngijol, Indomptables, est une nouvelle preuve de la bonne dynamique du cinéma de genre français en ce moment. Des comédies-musicales aux films d’horreur en passant par la science-fiction, de nombreux longs-métrages, récents et à venir, assument et s’amusent avec un registre précis.
Action, comédie romantique, science-fiction… Sur cette période printemps-été, c’est à chacun son genre dans le cinéma français. Preuve que l’offre du moment est très variée, un polar de Thomas Ngijol vient s’ajouter à la liste : Indomptables. Un film sur lequel Cinéfeel Mécénat revient plus en détail juste ici. Avec cette œuvre, l’humoriste, acteur et réalisateur, s’inscrit pleinement dans la narration policière en campant un commissaire et en s’inspirant du documentaire Un Crime à Abidjan. Ces dernières semaines et celles à venir, nombreuses sont les propositions qui appartiennent à un registre en particulier, quitte à être étiquetées sous l’appellation « cinéma de genre ». L’idée est simplement de l’assumer ou de la réinterpréter.
L’amour oui, mais déconstruit
Le septième art n’est évidemment pas si binaire. Parce qu’il y a autant de propositions que d’auteurs, difficile de les enfermer dans des lieux communs. Certains réalisateurs prennent plaisir à jouer avec des catégories bien identifiées.
Mercredi 23 avril, c’est l’humoriste et écrivain Mourad Winter qui dévoile L’Amour, c’est surcoté. En promotion, il assume fièrement l’appartenance à la comédie romantique. Une thématique qui ne séduit plus autant qu’à l’époque des Love Actually et Bridget Jones. Pour transcender cet héritage, il réadapte les codes du genre à ceux d’aujourd’hui.
D’un côté, on a un jeune homme en manque d’assurance et qui en a conscience. De l’autre, une jeune femme qui surfe sur le second degré mais cache des blessures profondes. Résultat, succès critique et public en atteignant les 500.000 entrées sur le territoire français.

Film musical : c’est une comédie musical avec des acteurs qui chantent faux
Le 13 mai, Amélie Bonnin projette à Cannes son premier long : Partir un jour. La réalisatrice insiste sur le terme de “film musical”. Comme tout le monde, un genre bien connu nous brûle les lèvres, avant que Juliette Armanet ne coupe court : « Ça réinvente la comédie musicale », rétorque à Cannes la chanteuse et actrice au premier rôle. Dans la mise en scène, il n’y a pas de rupture : le chant s’intègre naturellement, sans trop altérer le ton du film. « Rien n’est réalisé en playback, les chansons sont chantées au même titre que les dialogues », poursuit Juliette Armanet. Voilà pourquoi les acteurs Bastien Bouillon et Tewfik Jallab sont autorisés à chanter faux. C’est même un atout. Leur personnage ne savent pas chanter, donc eux non plus. Les chansons sont simplement un autre moyen d’exprimer leurs émotions. Chaudement reçu sur la Croisette, Partir un jour est dans le top 5 du box-office français après quatre semaines d’exploitation.
Moteurs, actions !
Six jours plus tôt est sorti Balle perdue 3 sur Netflix, le film de course-poursuite avec Alban Lenoir. Que ce soit sur Instagram, où il fait du développé-couché avec des bébés, ou sur les plateaux de télévision, l’acteur annonce la couleur : une préparation intense pour un film qui l’est tout autant.
Il revendique un savoir-faire dans les cascades avec le moins d’effets spéciaux possibles. Casser des mâchoires contre les vitres d’un tramway ? Pas de problème. Crasher un hélicoptère contre un camion, parce qu’il évite des feux d’artifice ? Amusant.
Une formule mi-Tom Cruise mi-John Wick, qui semble prendre dans l’hexagone. Le film d’action à la française séduit aussi outre-atlantique : il se hisse à la deuxième place du top mondial de la plateforme le jour de sa sortie, selon Flixpatrol.
La saga est diffusée dans 193 pays et cumule des dizaines de millions de vues.

Des réalisateurs de cinéma de genre au rendez-vous
La plupart des films cités étaient réalisés par des auteurs encore jeunes dans le cinéma français. C’est moins le cas de Martin Bourboulon, habitué aux productions de cinéma de genre, qui s’est fait connaître avec Eiffel et Les Trois Mousquetaires I et II.
Il revient mercredi 27 juin avec 13 jours, 13 nuits, un thriller sur fond de film de guerre. On assiste à l’exfiltration de centaines de personnes de l’ambassade de Kaboul après la prise des Talibans.
De son côté, après Grave et Titane, Julia Ducournau persiste et signe dans l’horrifique avec Alpha. Son troisième film a été présenté à Cannes et sortira le 20 août.

Jimenez nous invite en pleine dystopie
Enfin, Cédric Jimenez, connu pour ses deux précédents thrillers (Bac Nord, Novembre) sera de retour mi-octobre avec Chiens 51. Le public plongera dans un Paris dystopique où l’intelligence artificielle est au cœur de l’intrigue. Ce n’est pas tous les jours qu’on parle de science-fiction française. En 2024, Planète B avait été tièdement reçu et le dernier coup d’éclat, Mars express, date de 2023. Autant dire que l’attente est forte. Elle le sera toujours pour ces films de genre, qui apportent plus que jamais une vraie diversité dans nos cinémas et même à l’international. “Pas mal non ? C’est français.”