Parodie ou réalité ? A chaque séquence, on ne peut que se poser la question, tant la frontière du faux et la limite du vrai ne cessent de se mêler.
Pendant 1h10, et il n’en faut pas plus !, I Love Peru de Raphaël Quenard et Hugo David prend des allures de documentaire en nous montrant le quotidien fictif de la nouvelle coqueluche du cinéma français. Raphaël est alors filmé par son meilleur pote, Hugo, également narrateur de l’histoire.
Le postulat du film est très simple : rencontrés au cours d’un tournage, les deux garçons vivent un coup de foudre amical et deviennent comme cul et chemise. De galères en virées nocturnes, nous suivons la vie simple du jeune talent qui, une fois devenu star, perd les pédales sous le rythme des interviews et de la vie mondaine. Une trajectoire qui sépare les deux amis… jusqu’à un voyage inattendu au Pérou.
Notre personnage principal est alors plongé dans une quête spirituelle à l’autre bout du monde, entre délires et retrouvailles avec lui-même. Derrière tout cela, c’est aussi le deuil de l’amour et la solitude que Quenard et David souhaitent évoquer.
Sans queue ni tête, drôle et désespérant
Les co-réalisateurs le disent eux-mêmes. Avec peu de moyens, ils ont beaucoup, beaucoup tourné avant de trouver un fil conducteur qui tienne la route. Et cela se ressent.
Nous voilà donc devant un film atmosphérique qui n’a ni queue ni tête, où tout repose sur un Raphaël Quenard remonté comme un coucou. Il décline ici un best-of des personnages qui l’ont fait connaître, de Chien de la Casse à Yannick, pour nous faire croire qu’il est comme ça dans la vraie vie… C’est bien en cela que naît toute l’illusion du film, le questionnement de ce qui est vrai ou faux, tant le rendu parait si réel et naturel.

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Sorte de nouveau Jean-Claude Van Damne fusionné à Jean-Pierre Marielle, Raphaël Quenard fanfaronne, fait toujours plus son intéressant pour satisfaire un certain éclat du geste. Son personnage, pour qui l’ego n’a d’égal que sa bêtise, nous propose quelques belles punchlines de philosophe à deux balles.
Il est à la fois attachant et odieux, dingue et touchant. Les séquences sont baignées d’improvisation, on frôle l’auto-caricature. Les fans de l’acteur apprécieront.
Par ses moments bouffons, I Love Peru a cependant tout du film de mecs qui ne font rire qu’eux-mêmes, au point que l’on ne sait plus si l’on doit trouver ça drôle ou affligeant.
La pluie de caméos – François Civil, Marina Foïs et Jean-Pascal Zadi – assure sans nul doute les séquences les plus sympathiques du long-métrage.
La pastiche des documentaires de stars
I Love Peru capte surtout avec ironie et beaucoup d’autodérision quelque chose de notre époque, où l’image est très présente, partout, tout le temps. Où tout se filme et se montre, même ce qui ne devrait pas, pour flatter encore un peu plus l’ego et l’individualisme. On y retrouve alors les codes des documentaires de stars qui pullulent actuellement, sous le plus hypocrite des prétextes : celui de montrer « les coulisses » pour mieux déguiser l’auto-promotion.
I Love Peru est donc un drôle d’objet, potache et libre, sur l’ego, l’amitié et les paillettes. Un film qui donne surtout envie de voir désormais Raphaël Quenard dans des rôles différents, qui permettraient de révéler toute l’étendue de son indéniable talent.

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