Porté par Jean Dujardin, ce nouveau film de science-fiction franco-belge plonge le public dans une expérience merveilleuse, ambitieuse et déroutante, qui vient challenger notre rapport aux sens et à l’existence.
En ces vacances d’automne, le cinéma français se montre une nouvelle fois ambitieux, en proposant une production aux airs de fantaisie et d’aventure.
Porté par Jean Dujardin, L’HOMME QUI RETRECIT a de quoi intriguer. L’histoire ? Tout est évidemment dans le titre. Celle d’un homme victime d’un phénomène inexplicable pour la communauté scientifique, et inédit selon le corps médical : du jour au lendemain, le voilà qu’il rétrécit de manière constante, proportionnelle, sans aucun moyen d’arrêter le processus.
D’un bon mètre 80 jusqu’à atteindre une taille minuscule, plus petit qu’un grain de riz ! De quoi créer son lot de déconvenues… Pourchassé par le chat de la famille, il se retrouve par accident dans la cave dans sa propre maison, sans aucun moyen d’en sortir. Dans cet univers lugubre et angoissant, face au désarroi le plus total, s’ouvre alors une nouvelle quête de sens et de sensations pour cet homme dont la vie ne sera plus jamais la même.
Copyright Universal Pictures
Du thriller à l’aventure existentialiste
Pour les cinéphiles les plus chevronnés, cette histoire n’a rien d’inédit. Inspirée d’un livre anglais, L’HOMME QUI RÉTRÉCIT avait déjà fait l’objet d’une adaptation pour le grand écran, en 1957, par les Américains. Nous étions alors en plein âge d’or du fantastique, époque Etrange Créature du Lac Noir, Quatrième Dimension ou Guerre des Mondes. La version franco-belge est chapeautée par Jan Kounen, qui reforme son duo avec Jean Dujardin, 18 ans après 99 Francs, satire lunaire sur le monde de la pub’.
Si le thème et le casting s’apparentent à de la pure comédie fantastico-liliputienne, L’HOMME QUI RÉTRÉCIT empreinte plutôt aux films de genre et à l’expérience sensorielle. Construit comme un thriller, où le mystère et la crainte sont prégnants, le film glisse peu à peu vers une aventure initiatique et existentialiste.
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En se concentrant entièrement sur le sort de Jean Dujardin, en se focalisant sur un lieu très austère, Jan Kounen veut nous faire vivre à l’intérieur de nous-même les effets du rétrécissement de Jean Dujardin. Entre les malaises et les angoisses, Jan Kounen réussit globalement son coup. A chaque instant, le public se questionne et se projette sur la manière dont il pourrait vivre ou ressentir les choses.
La maison, si familière et banale, devient rapidement un nouveau monde, hostile et difficile. Chaque centimètre perdu demande à le réapprivoiser sans cesse, à chaque fois sous un nouveau regard. Au fil de son rétrécissement, Jean Dujardin passe de la sidération à l’acceptation de sa situation. Le personnage endosse progressivement la figure de rescapé de son ancien monde, tel un Robinson miniaturisé, dans une nouvelle vie quasi-clandestine, surtout solitaire.
Il s’agit d’une épreuve initiatique, un isolement terrible puis salvateur qui va l’obliger à voir la vie autrement. Le cauchemar devient donc une leçon de vie : d’abord victime, extirpé symboliquement d’un certain confort de vie, le personnage devient, par la force des choses, acteur de sa propre condition… Voyons-là une métaphore des péripéties humaines.
Derrière cette fable métaphysique, L’HOMME QUI RÉTRÉCIT offre également quelques sursauts dignes des grands divertissements fantastiques. Techniquement irréprochable, blindé aux effets spéciaux, baigné d’influences, il nous rappelle qu’il est encore possible de croire à des histoires qu’on ne retrouvera que dans la littérature ou le cinéma. Le public sort de là comme s’il venait de faire un mauvais rêve. Conte étrange et poétique, L’HOMME QUI RÉTRÉCIT est une belle réussite.