Génération Pop-corn : pourquoi les jeunes n’ont pas quitté la salle ?
Non, le cinéma, ce n’est pas que pour les boomers ! Ils ont beau avoir un abonnement Disney+ et un fil TikTok infini, les jeunes n’ont pas complètement tourné le dos aux salles obscures.
En effet, 85 % des 15–24 ans s’y sont rendus au moins une fois en 2023 (Centre National du Cinéma, Baromètre 2024). Certes, leur venue est plus rare qu’avant — en moyenne 3,5 séances par an, contre 6,3 en 2016 — mais la tendance révèle une transformation plutôt qu’un désintérêt.
Leur rapport au cinéma n’a pas disparu, il a évolué : moins régulier, mais plus ciblé, plus social, plus incarné. Et à travers leurs films préférés, les jeunes publics nous montrent comment ils vivent le cinéma aujourd’hui.

Les jeunes et les salles de cinéma : moins souvent, mais autrement
Aujourd’hui, les jeunes sélectionnent davantage leurs sorties, et réservent leurs soirées pour des films très attendus ou à vivre en groupe. En effet, d’après le CNC, 63 % des 15–24 ans y vont entre amis. La salle devient un lieu d’expérience collective, un espace social plutôt qu’un simple canal de diffusion.
Le succès de Barbie de Greta Gerwig en est l’illustration parfaite : la sortie était autant un moment culturel qu’un événement social. Le film a bénéficié d’une forte présence sur les réseaux sociaux : tenues roses, univers nostalgique des années 90-2000… le film a généré un rituel viral chez les jeunes spectateurs. Idem pour Oppenheimer de Christopher Nolan avec une participation record de jeunes adultes, aussi venus par envie d’être « dans le coup », de comprendre, d’en débattre.
Et comment ne pas évoquer Kaizen, le documentaire du streamer français Inoxtag parti faire l’ascension de l’Everest ? Projeté dans 400 cinémas pour une soirée unique, il a rassemblé plus de 300 000 jeunes spectateurs. Le film a aussi permis de démocratiser un cinéma réalisé par des créateurs de contenus bousculant les codes des productions traditionnelles.
Les jeunes et le cinéma d’horreur : (para)normale popularité
Sueurs froides et sursauts inattendus, les jeunes et le cinéma d’horreur font toujours aussi bon ménage : en 2023, près de 60% des 18-24 ans en regardent régulièrement (Statista).
Dans les salles obscures, ce genre reste une valeur sûre pour capter l’attention des moins de 25 ans car il offre une expérience émotionnelle immédiate, à vivre ensemble — dans le noir, dans le bruit, dans les rires nerveux.
Scream VI de Matt Bettinelli-Olpin, M3GAN de Gerard Johnstone ou Totally Killer de Nahnatchka Khan font un carton auprès du jeune public et sur leurs réseaux.
En effet, les films d’horreur sont devenus des rendez-vous sociaux. Ils sont faits pour être vécus en groupe et prolongés en ligne : les vidéos de réaction, les TikToks en sortie de séance ou les parodies deviennent partie intégrante de l’expérience.
Films d’ados : plan séquence sur une génération

Mais au-delà du divertissement, le cinéma permet aussi de proposer des récits générationnels qui parlent aux jeunes avec sincérité. Les films centrés sur l’adolescence et la jeunesse attirent en salle car ils touchent à l’intime, à l’identification, à la construction de soi.
Toujours selon le CNC, en 2023 près de 55% des spectateurs âgés de 15 à 24 ans privilégient des films avec des protagonistes proches de leur âge. On pense à Licorice Pizza de Paul Thomas Andreson mêlant nostalgie et premiers amours ou encore à la comédie lycéenne Do Revenge de Jennifer Robinson qui ont rencontré un vrai succès.
Rapport plus introspectif au cinéma, les films d’ados fonctionnent parce qu’ils parlent la langue des jeunes avec leurs galères, leurs kiffs et leurs rêves.
Le grand écran guidé par le petit : silence, ça scrolle !
Aujourd’hui, le parcours commence sur petit écran. TikTok, YouTube, Instagram : ce sont ces plateformes qui guident les jeunes vers la salle de cinéma.
Selon Médiamétrie (2023), 42 % des 16–23 ans ont décidé de voir un film après l’avoir vu sur TikTok ; 68 % grâce à une bande-annonce en ligne. Ce n’est plus l’affiche dans le hall qui déclenche l’envie, c’est la vidéo vue en scrollant. Le cinéma jeune public doit désormais exister avant la salle : dans les flux, dans les hashtags, dans les stories.
C’est là que se joue l’envie. Ce n’est plus la salle qui impose sa temporalité, c’est l’utilisateur qui décide du bon moment.
Les jeunes et le cinéma : une salle à reconquérir, mais pas à réinventer
De nos jours, les jeunes et la salle de cinéma ne sont pas en rupture. Le jeune public continue de se tourner vers les salles obscures pour vivre des émotions en grand écran.
Ils attendent des films qui leur parlent, des salles qui les accueillent, dans leurs codes et leurs usages. Cela implique des salles un changement de posture : ne plus attendre les jeunes, mais les inviter !
Force du collectif, aspect social de l’expérience : en somme le cinéma ce n’est plus juste un film, mais un moment à vivre ensemble, et ça, aucun scroll ne pourra le remplacer !
Un article pertinent et révélateur de la jeunesse d aujourd’hui. Bravo