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« Le doublage est un moyen de coller à la culture » : Rencontre avec Olivier Fallavier

En France, le doublage est une spécialité paradoxalement peu mise en lumière. Pour en apprendre davantage, Cinefeel Mécénat s’est entretenu avec un spécialiste en la matière, Olivier Fallavier.  En tant qu’ingénieur du son pour Michel Drucker et sur des plateaux cultes comme le Studio Gabriel et le Moulin Rouge, Olivier Fallavier a ensuite monté son établissement de doublage à Neuilly. Aujourd’hui, il propose des formations sur la discipline, pour faire perdurer cette tradition célèbre en France. Il nous en explique les raisons.

Comment expliquer la popularité de la France dans l’art du doublage ?

On n’a jamais été très bons en langues étrangères. Or, les films à gros budget étaient souvent anglo-saxons. En France, on a donc développé la bande rythmo dans le studio de la MGM. On a inventé cette technique pour des raisons d’économie de temps. On utilisait deux projecteurs. Un diffusait le film et l’autre le texte qui défile. Quand d’autres pays lisaient encore le texte sur papier. On a proposé beaucoup plus de films doublés qu’ailleurs et c’est devenu une habitude en France. Depuis, nos adaptations sont très bien faites avec de vrais comédiens. Ça a donné des voix qu’on a encore en tête comme celles de Sylvester Stallone ou de Bruce Willis.

Justement quelle est la différence entre le métier de comédien et celui de doubleur ?

En tant que comédien, on a le droit à une certaine créativité dans le rôle pour l’analyser. Dans le doublage, on doit juste copier. Le rôle est déjà interprété et on ne peut pas en proposer une version personnelle. Dans le jeu du doublage, tout doit être synchronisé avec celui de l’acteur. Les mouvements de bouche, les respirations. Le langage corporel du comédien à l’écran doit aussi être imité car c’est cette gestuelle qui permet de colorer la voix et de lui donner un rythme.

C’est pour cette raison que ce sont souvent des comédiens qui doublent ?

On demande des gens qui sont tout de suite performants à 100 %. Car il faut avoir les codes et on est très vite jugé sur les fondamentaux de l’art dramatique.

Olivier Fallavier

Olivier Fallavier

Est-ce qu’il y a un autre moyen de devenir doubleur ?

Certains studios professionnels proposent des formations mais c’est rare et cela marche par contact. Il faut d’abord être comédien. Ce sont en général des intermittents du spectacle. À côté de cela, ils sont acteurs et ont des projets de pièces de théâtre, des stand-up, des tournages. C’est un milieu très confidentiel. On fait attention à ce que les informations sur le film ne sortent pas. Donc les studios ont durci les conditions d’accès.

C’était aussi le cas pour vous ?

J’ai tenté d’y entrer mais je n’ai pas réussi. Mais en 2013, j’ai repris le Studio Sofi (qui doublait anciennement Le Muppet show, NDLR). J’en étais le directeur technique. On organisait des formations. Par exemple, on connaissait un professeur d’art dramatique qui proposait alors à ses élèves de faire des stages de doublage. En 2021, on a été obligés de revendre après le Covid.

Olivier Fallavier

Et depuis ?

J’ai changé mon fusil d’épaule et j’organise désormais des sessions doublage en itinérance en partenariat avec la Cité des associations d’Angers. L’idée c’est de s’amuser au micro. Ça permet à des gens qui s’intéressent à ce métier de s’y essayer, de s’écouter et de s’apercevoir derrière qu’ils sont rapidement doués pour ça.

Ne pensez-vous pas qu’avec la jeune génération, habituée à la VO, l’art du doublage en France ne se perde ?

Il y aura toujours de la demande de la part des studios. Le doublage est aussi un moyen de coller à la culture. Quand vous regardez un film comique, les blagues tombent davantage à plat lorsqu’elles sont lues que lorsqu’elles sont entendues. Et il y a certaines voix iconiques qu’on est habitué à écouter en français. Nos comédiens, nos adaptateurs et nos auteurs sont tellement bons qu’ils rendent tout cela très crédible.

Comment expliquer que le doublage est meilleur sur certaines langues comme l’anglais, que sur d’autres, comme l’allemand ?

Cela peut être à cause de la longueur des phrases. C’est plus compliqué sur un film allemand où les phrases sont plus longues. À l’inverse, sur un film espagnol, ils moulinent ! Ça va très vite donc c’est difficile d’adapter la rythmique. Dans le chinois, il n’y a aucune labiale. C’est à dire qu’il n’y a pas de battements de lèvres, pas « b » ou de « p » et quelques « m » Forcément, ça marche moins bien. L’essentiel dans tous les cas, c’est d’être synchro avec le texte. C’est le pilier du doublage.

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