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« Croire en notre magie humaine » — Rencontre avec Ugo Bienvenu, réalisateur d’Arco

Né d’un confinement qui ressemblait à un mauvais film de science-fiction, Arco est devenu pour Ugo Bienvenu un manifeste pour la lumière et la reconstruction. Le réalisateur y explore la puissance du rêve et la douceur de l’intuition. Conversation avec un créateur qui veut « imaginer de belles choses pour qu’elles adviennent ».

Arco raconte une histoire singulière, à la fois intime et universelle. Quelle a été l’étincelle de départ ? D’où vient le besoin ou l’émotion qui ont fait naître ce film ?

Pendant le confinement, ça m’a pété à la gueule : nous vivions dans un mauvais film de science-fiction. Je me suis dit que nous, les auteurs de SF, avions une responsabilité là-dedans — je pratique le genre depuis dix ans maintenant. Imaginer le pire, c’est facile. Critiquer, c’est facile. Je me suis dit : « Mets-toi du côté des enfants qui construisent des châteaux de sable sur la plage, pas de ceux qui les cassent. »

Si on veut que de belles choses arrivent, il faut d’abord les imaginer. C’est ça, je crois, qui a amené ce petit personnage, Arco. Je voulais un film qui ne mente pas sur la réalité, qui la regarde en face, mais qui nous regonfle, qui nous dise de croire en notre magie humaine.

J’aime les films qui nous font passer d’une émotion à une autre, qui nous font vivre des sensations. Je voulais ça !

Votre univers visuel est toujours très marqué : comment avez-vous trouvé le ton et l’esthétique de Arco ?

Je voulais rester dans mon ADN, qu’on reconnaisse ma « patte », tout en arrondissant un peu mon dessin, puisque je voulais un film plus doux, un peu moins réaliste aussi que mes travaux précédents. Sinon, je n’y réfléchis pas trop, à vrai dire. C’est du travail inconscient.

J’essaie le plus possible de laisser mon inconscient travailler : il est beaucoup plus structuré que mon conscient. Je crois qu’en faisant Arco, ça m’a confirmé que ce que j’aimais, la manière dont c’était agréable de travailler, ce qui produisait des choses plus intéressantes, c’était de penser et pas de réfléchir. En fait, de rêver le film plutôt que de le calculer.

Tout procède du même mouvement chez moi depuis toujours : je suis bon quand j’écoute mes intuitions ; quand je force les choses par l’intellect, c’est souvent creux. L’intelligence est là pour cimenter les intuitions, je dirais. Et puis je crois que ce n’est pas à nous de faire l’exégèse de ce que nous produisons !

Ugo Bienvenu

Ugo Bienvenu

Maintenant que le film est terminé, quand vous le regardez, qu’est-ce qui vous revient le plus fort : la fierté, les doutes, ou autre chose ?

Ça a coûté tellement, à moi, à Félix (Félix de Givry, co-scénariste), à ma famille. C’est merveilleux, et en même temps, c’est le résultat de tant de risques, de coût humain… Je dirais que Paul Valéry a tout dit dans cette phrase : « Que de choses il faut ignorer pour agir. »

Mais ça vaut la peine, je l’espère, j’ai l’impression. En tout cas, recevoir tous ces messages du public me donne l’impression que ce n’était pas pour des prunes !

En tant que spectateur, qu’est-ce qui vous touche aujourd’hui dans l’animation contemporaine ? Y a-t-il des démarches ou des sensibilités qui vous enthousiasment particulièrement ?

Je regarde peu ce qui se fait ailleurs. Je dirais que ce que font les gens que nous avons réunis autour de nous chez Remembers (la société de production fondée avec Félix de Givry) est ce qui me motive aujourd’hui, me stimule, m’excite le plus.

Nous avons une quinzaine de réalisateurs et de réalisatrices qui, je pense, vont changer le visage de l’animation dans les prochaines années.

Ugo Bienvenu

© Remembers / MountainA / Diaphana Distribution

Quels films ou auteurs d’animation nourrissent votre regard en ce moment, que ce soit comme sources d’inspiration ou simplement de plaisir personnel ?

Je dirais encore une fois : les gens de mon studio. Adam Sillard, Laura Passalaqua, Jocelyn Charles, Romane Granger, Gabrielle Selnet, Stephen Vuillemin, Arthur Sevestre, Simon Cadilhac. Ils me mettent la pression : il y a une vraie synergie entre nous.

Après Arco, avez-vous une envie artistique forte, une direction nouvelle ou même une simple curiosité que vous aimeriez explorer ?

Il est trop tôt pour dire quoi que ce soit. J’ai souvent fait l’erreur d’annoncer trop tôt des choses — et de les tuer, par la même, dans l’œuf ! Pour l’instant, je compose dans l’ombre, au creux des quelques heures que m’autorise la campagne autour d’Arco.

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kevin
kevin
30 octobre 2025 11h11

Magnifique interview, hâte de voir le film !!

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