Comédie de la rentrée, ADIEU JEAN PAT peine à faire sourire en raison d’un récit chaotique et sans prise de risques. Déception.
Et si vous étiez obligés d’organiser les obsèques de la personne que vous détestez le plus au monde… C’est sur cette accroche étonnante que se base le nouveau film de Cécilia Rouaud, en salles depuis le 3 septembre.
Sur le papier, cette comédie est d’autant plus prometteuse que le scénario est signé par deux plumes bien aguerries à la comédie. Le bédéiste Fabrice Caro, à qui l’on doit notamment la dernière BD hilarante d’Astérix, et le regretté Laurent Tirard (Le Petit Nicolas, Le Retour du Héros). Tous deux avaient déjà collaboré sur la savoureuse adaptation du Discours, sortie en 2020. Portée par l’humoriste en vogue Hakim Jemili, ADIEU JEAN PAT a tout de la comédie hype de la rentrée.

Adieu Jean Pat – les films sur mesure _ SND
A côté de l’essentiel
Le résultat à l’écran s’avère malheureusement très en deçà des promesses. Malgré quelques séquences isolées qui permettent d’esquisser un sourire, ADIEU JEAN PAT est en réalité une comédie bien triste, mal équilibrée, reposant sur un récit chaotique, peu rythmé, qui peine à convaincre. Et ce, dès les premières minutes, lorsque nous nous retrouvons dans la chambre d’Etienne et de sa copine. Nous voilà donc à suivre ce jeune trentenaire, complètement déboussolé par le désir de maternité de sa compagne.
Sur les conseils de sa meilleure amie, notre homme consulte un hypnotiseur. Un souvenir vient alors expliquer son blocage pour la paternité, celui d’un certain Jean-Patrick, bourreau de son enfance… Et surtout de son crush d’il y a 20 ans, qu’il n’a pas revu depuis, laissant ce goût amer d’acte manqué. Parti à la recherche de la jeune femme, obsession du personnage pendant une bonne partie du film !, il se retrouve malgré lui dans l’organisation des funérailles de Jean Pat’, mort subitement.
En se focalisant sur cette quête artificielle et fantasmée, le récit cabotine et s’embourbe dans une série de séquences d’un classicisme absolu, truffées de stéréotypes alambiqués, souvent malaisantes, sans grand atout comique. Et finit, tout simplement, par passer à côté de l’essentiel. Car c’est justement lorsqu’il aborde le harcèlement, le bizutage, le manque de confiance en soi et les difficultés de ce jeune garçon à s’affirmer face à ses bourreaux que tout notre intérêt apparaît.
Autrement dit, les choix effectués nous permettent difficilement d’accrocher à l’histoire, de trouver une quelconque affection pour le personnage principal, qui tombe souvent dans la lâcheté, le mensonge et l’immaturité. Et qui a pourtant des choses à dire sur d’autres sujets plus sérieux, vite éludés, mal amenés.

Adieu Jean Pat – les films sur mesure _ SND
La séquence des funérailles, qui aurait pu être le sommet grinçant de cette comédie, s’avère lisse et convenue. Comme si le film refusait de s’aventurer sur un terrain plus sensible et surtout plus audacieux, préférant les sentiers balisés d’une comédie sans risques. L’énergie des acteurs et des actrices est toutefois bien présente. L’humoriste vedette est, en particulier, formidablement bien épaulé par Fanny Sidney et Constance Labbé. Il s’agit de la rare note positive du film.
En ressort donc une impression étrange et décevante où, après 1h34 de film, les promesses de cette comédie sont bel et bien enterrées.