Financer un film est une étape essentielle et complexe dans la production cinématographique. Cette démarche consiste à rassembler les fonds nécessaires pour couvrir toutes les étapes de création, allant de la pré-production à la diffusion.
En France, le financement des films repose sur un modèle varié, combinant aides publiques, investissements privés, financements participatifs, crédits d’impôt, ainsi que des partenariats avec des chaînes de télévision ou des plateformes numériques.
Le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC) joue un rôle central en proposant des aides financières sélectives. Ces aides soutiennent la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles sous divers formats, qu’il s’agisse de fictions, de documentaires, de courts ou longs métrages.
Ce soutien public constitue souvent un levier, permettant aux producteurs français de réunir les fonds nécessaires pour concrétiser leurs projets.
Développement
Écriture du scénario
La première étape essentielle pour financer un film est l’écriture du scénario. Cette phase créative consiste à structurer une histoire solide et captivante, qui servira de fondation à tout le projet.
Le scénario doit présenter un développement clair des personnages, un univers cohérent et une intrigue bien construite pour attirer l’attention des producteurs et des financeurs.
Il est essentiel de rédiger un document conforme aux standards de l’industrie, ce qui facilitera son évaluation dans les circuits de financement cinématographique. Que ce soit pour un long métrage de fiction, un documentaire ou une œuvre d’animation, le scénario constitue le cœur de la création et joue un rôle déterminant dans la réussite du projet auprès des aides financières du CNC et d’autres partenaires.
Constitution du dossier
Une fois le scénario finalisé, l’étape suivante est la constitution du dossier de production. Ce dossier rassemble plusieurs éléments clés nécessaires pour bâtir un plan de financement solide.
Le budget prévisionnel détaille précisément les coûts liés à la production, incluant parfois les dépenses liées aux effets visuels numériques ou à des innovations techniques. Le calendrier de production précise les différentes étapes et les échéances majeures du projet.
Une bande démo ou une bande-annonce, même partielle, est souvent requise pour donner un aperçu visuel du style et de l’ambition artistique du film.
Ce dossier complet est indispensable pour convaincre les sociétés de financement, les chaînes de télévision partenaires, ainsi que le Centre National du Cinéma (CNC), qui attribuent des aides sélectives en fonction de la qualité et de la viabilité du projet.
Recherche du producteur
La recherche d’un producteur est une étape clé dans le financement d’un film. Le producteur occupe un rôle central en structurant le montage financier, en coordonnant les différentes sources de financement et en supervisant la production.
Il est l’interlocuteur principal auprès des institutions publiques, telles que le CNC, les banques (comme BNP Paribas), ainsi que les investisseurs privés et les plateformes de financement participatif.
Collaborer avec un producteur expérimenté renforce la crédibilité du projet et augmente les chances d’obtenir des millions d’euros d’aides financières, notamment grâce aux dispositifs de soutien au cinéma français et à l’industrie audiovisuelle nationale.
Montage du plan de financement
Les aides publiques
En France, les aides publiques occupent une place centrale dans le montage d’un plan de financement.
Le Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) offre des dispositifs d’aide couvrant toutes les étapes de la création cinématographique : création, production, distribution et diffusion.
Ces aides concernent les longs métrages de fiction, les documentaires, l’animation et les œuvres audiovisuelles innovantes. Le CNC collabore aussi avec les collectivités régionales, qui disposent de leurs propres budgets pour soutenir la production cinématographique et audiovisuelle.
En 2023, les financements issus des conventions entre l’État, le CNC et les régions ont enregistré une augmentation de plus de 20%. Près de la moitié des crédits régionaux ont été alloués à la création et à l’émergence de talents locaux. Chaque collectivité applique des critères d’éligibilité spécifiques, basés sur le type de projet, le budget et les retombées économiques prévues.
En complément, le dispositif Europe média soutient la coproduction européenne ainsi que la diffusion des films français à l’international, renforçant ainsi l’impact des œuvres françaises hors de nos frontières.
Les fonds de dotation – Cinéfeel Mécénat
Au-delà des aides publiques, le financement participatif et le mécénat du cinéma prennent une place essentielle dans l’industrie cinématographique française.
Des fonds de dotation comme Cinéfeel Mécénat permettent aux particuliers, entreprises et associations de participer activement à la création d’œuvres en contribuant à leur financement.
Ces fonds de dotation interviennent lors des phases de développement ou de production, venant compléter les aides publiques et privées déjà mobilisées.
Ce type de financement constitue une opportunité précieuse pour les producteurs, notamment pour des projets originaux ou ayant une forte dimension sociale ou locale. La participation du public peut ainsi jouer un rôle décisif dans la réalisation de certains films.
Les RNPP (recettes nettes par producteur)
Dans le paysage du financement des œuvres cinématographiques et audiovisuelles, la notion de Recettes Nettes Part Producteur (RNPP) joue un rôle important, tant pour les créateurs que pour les investisseurs.
Les RNPP correspondent aux sommes réellement perçues par le producteur suite à l’exploitation d’un film, après déduction des frais spécifiques liés à la production, la distribution, la promotion, ainsi que des taxes et contributions obligatoires.
Cette base financière, essentielle dans la chaîne de valeur du cinéma français, est utilisée notamment pour déterminer la rémunération des artistes interprètes, conformément aux accords professionnels garantissant la transparence des comptes d’exploitation.
Le calcul des RNPP
C’est un processus qui se déroule en plusieurs étapes. Tout d’abord, les recettes brutes d’exploitation sont additionnées : ventes aux chaînes de télévision, recettes en salles, droits internationaux, revenus issus de la VOD, SVOD, DVD/Blu-ray, etc.
Ensuite, on déduit les frais de distribution, les commissions, les frais techniques (tels que les copies, le sous-titrage, le doublage), les dépenses de promotion, ainsi que, dans certains cas, la cotisation versée au Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC).
Le montant restant constitue les RNPP, véritable marge nette revenant au producteur et au financement du projet.
Conclusion
Financer un film en France est un exercice délicat qui repose sur un équilibre subtil entre créativité, rigueur administrative et esprit de collaboration. Entre les aides publiques proposées par le CNC, le soutien des régions, les investissements des Sofica, les pré-achats des chaînes de télévision et le mécénat, chaque projet cinématographique doit élaborer un plan de financement sur mesure, en adéquation avec son ambition artistique et son public cible.
Le cinéma français a besoin de votre audace et de votre créativité : osez vous lancer, car le prochain film à produire pourrait bien être le vôtre.
