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L’ETRANGER, l’adaptation tout en contemplation de l’œuvre de Camus

Pour son 24ème long-métrage, François Ozon délivre une adaptation très esthétique de L’ETRANGER, chef d’œuvre d’Albert Camus.

Adapter un monument de la littérature, le deuxième livre français le plus lu dans le monde après Le Petit Prince, est tout sauf un jeu d’enfant. De ces quelques millions de lecteurs, se dégage autant de façons d’imaginer les personnages et le décor, et forcément autant de débats sur la manière dont il faudrait projeter le récit d’Albert Camus sur grand écran. C’est à cet exercice périlleux que s’est donc risqué Ozon avec L’ETRANGER. Et le résultat est plutôt réussi.

Plein soleil sur Benjamin Voisin

L’œuvre justement, « puissante, forte et opaque », comme l’a dit le réalisateur lui-même lors d’une avant-première parisienne, « peut résonner encore aujourd’hui ». Courte mais dense, elle évoque l’absurdité de la condition humaine, les codes qui régissent la vie en société via le destin de Mersault, personnage secret et troublant, peu ouvert au jeu social, dont la forte intériorité finit par le condamner. 

L'étranger

Légende photo : Meursault a un visage, celui de Benjamin Voisin.

Copyright Carole Bethuel – Foz – Gaumont – France 2 Cinema

Nous sommes donc à Alger, en 1938. A partir du décès de sa mère, révélé froidement via un télégramme, nous suivons le jeune trentenaire dans ses rencontres amicales et amoureuses, en passant par ce jour ensoleillé où, de sang-froid, il se retrouve au cœur d’un drame absolu, qui vient, d’un coup, interroger son existence.

De cette abstraction, de cette forme d’anti-héros qu’est Mersault, Ozon propose une incarnation sous les traits de Benjamin Voisin, avec qui il avait déjà tourné dans Eté 85, polar plein de soleil et de vie au cœur des Eighties. Incarner Mersault, c’est réaliser un travail de composition sensiblement différent, rester toujours en retrait des situations, sur la même ligne des émotions et des sensations.

Voisin s’y attelle parfaitement bien, et donne surtout un corps à ce personnage de littérature, d’une beauté et d’une pureté qui irradie l’écran, façon Plein Soleil. Épaulé par Rebecca Marder, dont le personnage représente une certaine spontanéité, une candeur vivifiante, et le cabotin Pierre Lottin, nouvelle gueule de cinéma.

L'étranger

Légende : Un duo tout en contrastes, une Marie spontanée et un Meursault taciturne.

Copyright Carole Bethuel – Foz – Gaumont – France 2 Cinema

Beauté charnelle et visuelle

L’ÉTRANGER version Ozon est surtout d’une photographie somptueuse, où le noir et blanc magnifie la pellicule. Chaque plan, paysage ou portrait, a le goût du beau. Ozon arrive aisément à reconstituer une superbe de cinéma, digne des films d’antan, où les acteurs sont mythifiés par une patine étincelante et esthétisante.

Des gouttes d’eau aux éclats de soleil sur les peaux, L’ETRANGER est un film contemplatif, plein de sensualité. Ce noir et blanc, déjà utilisé sur Frantz, est une façon, également, de se rapprocher de cette image mémorielle de l’Alger colonial façon archives des années 30, et dont Ozon souhaite mettre l’accent.

Cette pellicule soyeuse et soignée est la singulière démonstration de tout le respect qu’Ozon éprouve envers l’œuvre de Camus. Tous les moments-clé du roman y sont d’ailleurs représentés, quitte à rendre cette adaptation un peu trop rigide, stoïque… essentiellement illustrative. 

Là est tout la limite de cette adaptation, quand le livre, lui, est une intériorisation totale, mouvante, prompte à toutes les interprétations possibles. Avec une pointe d’audace supplémentaire sur le fond, L’ÉTRANGER d’Ozon aurait sans nul été bien plus qu’un beau décor de cinéma, ce que le roman méritait à minima.

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