L’affiche du 70ᵉ anniversaire de Cannes : Claudia Cardinale en majesté
Pour le 70ᵉ anniversaire du Festival de Cannes, l’affiche officielle célébrait Claudia Cardinale.
On y voit l’actrice dansante, capturée dans un geste à la fois léger et puissant, reflet d’une carrière traversée par l’élégance et la grâce.
La photographie, issue des archives de Cameraphoto Epoche, transforme son image en symbole : celle d’une actrice qui a su traverser les époques, du cinéma italien classique aux plateaux internationaux.
Cette image suspendue ouvre la porte à ses rôles emblématiques, à ses rencontres marquantes et à ses distinctions, laissant déjà entrevoir la force tranquille et le magnétisme qui ont fait d’elle une icône intemporelle.
Elle annonce ainsi le parcours d’une femme dont chaque apparition à l’écran semble naturellement inscrire l’histoire du cinéma.

Descriptions iconiques et distinctions
La presse la décrit comme l’incarnation de la beauté méditerranéenne, les critiques louent sa volupté terrestre et sa présence captivante à l’écran. Sergio Leone voyait dans ses yeux et ses mains la profondeur d’un drame silencieux, tandis que Fellini y trouvait sa muse moderne. Claudia Cardinale a été célébrée par les festivals internationaux par de nombreuses distinctions d’honneur : le Lion d’or à Venise (1993), l’Ours d’or d’honneur à Berlin (2002), ainsi que des prix à Moscou, Marrakech, Locarno et Abu Dhabi. Ces récompenses ne sont pas seulement des médailles : elles symbolisent surtout la reconnaissance durable d’un talent qui a marqué le cinéma par sa grâce.
Débuts et consécration
Tout a commencé en 1957, lorsqu’elle remporte le concours de beauté « La plus belle Italienne de Tunis ». Cette victoire attire l’attention des producteurs italiens et ouvre la voie à une carrière exceptionnelle.
Son premier film, Goha (1958), lui permet de poser ses premiers pas devant la caméra, tandis que son dernier rôle, dans Shooting Stars (2022), boucle un cycle de plus de six décennies de cinéma. Entre ces deux extrêmes, Claudia a su imposer une présence unique, tant sur le plan esthétique que dramatique, qui justifie toutes les distinctions et les éloges. Ce parcours démontre comment ses débuts modestes ont façonné une carrière riche et internationale, reliant élégance et audace.
Films notoires
S’il fallait un film pour résumer la place de Claudia Cardinale dans l’histoire du cinéma, ce serait sans doute Le Guépard (1963). En Angelica, Visconti lui confie un rôle à la fois éclatant et symbolique : jeune femme au charme insolent, qui incarne l’avenir dans un monde aristocratique en déclin. Sa vivacité illumine les bals et contraste avec la mélancolie de Burt Lancaster, tandis que sa complicité avec Alain Delon donne au film une énergie à la fois sensuelle et politique. Ce rôle concentre l’essence de Cardinale : la grâce, l’intelligence et une intensité dramatique qui marquent les mémoires.

Autour de ce pivot, d’autres personnages prolongent ou élargissent cette image. Chez Fellini, dans 8½ (1963), elle apparaît comme une muse insaisissable, figure de rêve qui échappe toujours, comme si Angelica s’était transformée en apparition onirique. Quelques années plus tard, dans Il était une fois dans l’Ouest (1968), Leone lui confie Jill McBain, femme forte au destin tragique : une Angelica vieillie par la violence, dont la force fragile révèle la brutalité d’un monde en mutation.

Photo: Thomas Hartwell Archives Associated Press
Et puis il y a ses échappées vers la comédie, comme La Panthère Rose (1963) où, face à Peter Sellers, elle prouve qu’elle peut manier l’humour et le charme avec autant de naturel que la gravité. Cette légèreté ne contredit pas Le Guépard : elle en est le contrepoint, une autre facette d’une actrice capable de se réinventer sans jamais se trahir.
Ainsi, ses rôles ne s’additionnent pas : ils se répondent. Chacun d’eux dialogue avec Angelica, comme si Le Guépard avait été la matrice à partir de laquelle Claudia Cardinale a décliné toutes les variations de son art, du rêve à la tragédie, de la fresque historique à la comédie la plus légère.
Anecdotes et souvenirs de plateau
Sa carrière est jalonnée de moments inoubliables. Elle apprend l’italien sur le tas, doublée dans ses premiers films italiens, jongle entre plusieurs tournages simultanés et se souvient de l’énergie unique de Peter Sellers sur La Panthère Rose. Sur les plateaux, elle savait à la fois se faire discrète et imposer sa présence par un simple regard ou un geste subtil, transformant chaque scène en un instant mémorable. Ses expériences et rencontres avec Fellini, Leone, Delon ou Bardot racontent une vie de cinéma intense, où la vivacité et l’imprévu se mêlent à la rigueur, et où chaque plateau devient un univers à part entière. Mais ces souvenirs révèlent aussi l’élan et la discipline qui ont façonné sa légende à l’écran.
Une actrice franco-italienne engagée
Née à Tunis en 1938, d’un père italien et d’une mère sicilienne, Claudia Cardinale a grandi entre deux cultures. Italienne par ses racines, française par sa langue et son attachement à Paris, elle a su naviguer entre ces mondes avec élégance et discernement. Engagée pour les droits des femmes et ambassadrice de bonne volonté pour l’UNESCO, elle a toujours associé son nom à des causes sociales et culturelles, concluant ainsi une carrière exemplaire autant par son art que par ses convictions. Son héritage dépasse l’écran : il se lit dans chaque action et chaque choix, révélant une cohérence entre talent et engagement.
En associant son nom à des causes sociales et culturelles, Claudia Cardinale a tracé une carrière exemplaire, où talent et engagement s’entrelacent dans chacun de ses choix. Elle demeure, à la fois sur l’écran et dans nos mémoires, un éclat lumineux — tel un guépard silencieux — qui observe le temps passer, toujours élégante, toujours présente.