Mercredi 10 septembre, le Centre national du cinéma (CNC) a dévoilé la liste des cinq films présélectionnés pour les Oscars 2026. Dedans, on y retrouve deux auteurs de nationalité étrangère. Quels sont les critères pour représenter la France à la cérémonie et plus globalement, qu’est-ce qui définit la nationalité d’un film en France ?
Et si Jafar Panahi, auteur engagé, représentait la France aux Oscars 2026 ? Ou encore Richard Linklater, un Américain qui pourrait jouer à domicile, pour nous. Dans les deux cas, ça ferait forte impression. Le Centre national du cinéma (CNC) a intégré Un Simple accident de l’Iranien et Nouvelle Vague du Texan dans sa liste des cinq films français pré-sélectionnés pour la catégorie « meilleur long-métrage international » à la célèbre cérémonie qui se tiendra en mars.

Les trois autres films, Vie privée, La Petite Dernière et Arco, sont réalisés respectivement par Rebecca Zlotowski, Hafsia Herzi et Ugo Bienvenu. Contrairement à ces trois-là, Jafar Panahi et Richard Linklater ne possèdent pas la nationalité française. Voilà une parfaite occasion de se pencher sur les critères de sélections du CNC et des Oscars avec une question plus complexe qu’elle n’y paraît : comment déterminer la nationalité d’un film ?
Un film français pour les Oscars, c’est quoi ?
La nationalité d’un film repose sur plusieurs critères. On prend en compte l’équipe technique, l’origine des financements et généralement le lieu de la société de production. Pour sa liste de films étrangers, l’Académie des Oscars stipulent au CNC que le film doit « comprendre au moins 50% d’artistes et/ou de contributeurs à la création cinématographique française (producteur, réalisateur, technicien…) ». Autrement dit, s’il y a une majorité d’acteurs français, c’est bon. S’il est financé à moitié par des producteurs du pays, c’est validé. On ajoute à ceci trois autres règles :
- L’œuvre doit durer minimum 40 minutes.
- 50 % des dialogues doivent être tournés en langue étrangère à l’anglais (mais ce n’est pas obligatoirement du français).
- Le film doit être sorti dans les salles françaises entre le 1er octobre 2024 et le 30 septembre 2025, pendant au moins 7 jours consécutifs et dans le même cinéma.

Qui succédera à Jacques Audiard et son Emilia Perez en porte-étendard français ? (© REUTERS/Mario Anzuoni)
Les cas Panahi et Linklater

Pour Nouvelle Vague, Richard Linklter a souhaité faire comme Jean-Luc Godard pour À Bout de souffle, film dont il reprend la génèse. Il tourne en noir et blanc, avec des acteurs alors encore peu connus. Ici, Godard (Guillaume Marbeck) dirige Jean-Paul Belmondo (Aubry Dullin) (Photo Jean-Louis Fernandez)
Pour revenir à Un Simple Accident, le film a été produit par une société de production luxembourgeoise (Bidibul Productions) et deux sociétés françaises : Films Pelléas et Pio & Co. La chaîne Arte y a aussi mis la main à la poche. Jafar Panahi avait fait appel avait autrefois Celluloid Dreams (production française) pour No Bears, Trois Visages ou Taxi Téhéran.
Pour Nouvelle Vague de Richard Linklater, la majorité du casting et de l’équipe technique est française. Il est produit par ARP, société reconnue située en France. L’auteur de Boyhood, Hit Man ou de la trilogie Before Sunrise, Sunset et Midnight est un amoureux du cinéma français. Il prouve à nouveau sa filiation avec ce dernier long métrage sur le mouvement initié par Jean-Luc Godard.
Les petits procéduriers diront que les deux longs-métrages sortent après le 1er et le 8 octobre, donc après le 30 septembre. Vrai, mais ils ont tous les deux été diffusés au festival de Cannes. Et toc, ça compte.
Un film français pour le CNC, c’est quoi ?
Pour être qualifié de film français au CNC, ça se complique. Ce n’est pas qu’un titre, c’est aussi une occasion d’obtenir des financements supplémentaires, notamment grâce aux entrées en salle. Pour ce faire, le long-métrage doit répondre à deux règles établies par le Centre national du cinéma :
- La boîte de production doit être située en France.
- Rentrer dans les clous du barème qui mesure les conditions de réalisation.
Avec le barème, sortez les calculettes
Ce barème, créé en partenariat avec le sénat, est évalué sur 100 points. À partir de 25 points, l’œuvre est considérée comme française. On y retrouve des critères tels que le nombre d’acteurs français dans le film, la nationalité du réalisateur, les sociétés de production, les lieux de tournage, la langue parlée, etc. Plus le film marque de points, plus le soutien économique sera important. Celui-ci repose sur la billetterie, les droits télé, la vidéo à la demande et les DVD.
Derrière, c’est un retour sur investissement prometteur.
Maintenant que vous avez la tête remplie comme une pastèque, on vous invite à la détente en allant voir ces cinq films qui mériteraient tous de l’emporter. Et si vous ne trouvez pas votre bonheur, Cinefeel Mécénat a aussi un classement des meilleurs films de la rentrée 2025. Pour voter solo, sans l’aide des Oscars, pour votre film français préféré de l’année.